Les impressionnistes à Londres, au Petit Palais.

Souvent les expos parisiennes m’ennuient. Il semble que les commissaires d’expositions prennent un malin plaisir à accumuler plutôt qu’à présenter, qu’à raconter.

Les impressionnistes à Londres est l’une de ces expos qui vous remuent, une expo à laquelle vous repensez et que vous gardez dans un coin de votre esprit, qui vous questionne tout en vous donnant des pistes de compréhension.

Après la défaite de Sedan, l’empereur capitule et la IIIe République est proclamée. Le 19 septembre débute le siège de Paris et la population parisienne souffre des rigueurs de la guerre associées à un hiver particulièrement rude. Une paix est signée le 26 février 1871, acceptant l’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine par les Allemands. Cet armistice est insupportable pour une majorité de Parisiens et conduit à la Commune. 20 000 victimes succomberont aux combats de la Semaine sanglante.

Témoins et parfois acteurs, les artistes assistent, désolés à la destruction de Paris. Et leur désarroi face à cet épisode sanglant se ressent dans chaque coup de pinceau, offrant au public des œuvres d’une beauté saisissante.

Ainsi trois œuvres permettent de saisir l’intensité des ravages de cette semaine:

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Soeur de la Charité sauvant un enfant de Gustave Doré

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-Le siège de Paris d’Ernest Meissonier

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-Le soldat blessé de James Tissot

Pour échapper à cette réalité sanguinaire, de nombreux artistes se ruent à Londres afin de ne devoir s’occuper que de leur art et d’oublier un quotidien sanglant. A Londres, les artistes s’appuient sur un réseau, mais souvent cela ne suffit pas. Car l’impressionnisme est encore un mouvement novateur, qui n’a pas réussi à s’exporter. Et à travers cette expo, on se rend compte que chaque artiste réagit différemment. Certains comme James Tissot se réinvente totalement pour répondre aux demandes du public anglais alors que d’autres campent sur leurs positions et rentrent plus rapidement que prévu à Paris. Ainsi Pissarro et Monet n’arrivent pas à convaincre le public anglais et ne réussissent à vendre aucune toile.

Tous reviennent en France, certains plus tôt que d’autres.

Monet, lui, retourne à Londres, quelques années plus tard, décidé à prendre sa revanche sur cette ville. Durant ce deuxième séjour, il peint l’une des merveilles artistiques de notre temps: Le Parlement de Londres, effet de soleil (1903).

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Cette œuvre appelle à la contemplation et je l’avoue, je suis restée bouche bée devant ce chef d’œuvre qui a trouvé le chemin de mon âme. Elle représente, selon moi, toute la spécificité impressionniste: vouloir traduire, avec des pinceaux, les émotions si diffuses de l’âme. Et ce coucher de soleil renvoie à cette heure bleue, où l’infini semble à portée de mains, où la paix s’impose au contemplateur, où la beauté rose se mêle à la réalité bleue.

Cette expo est l’une des plus marquantes de ces derniers mois car elle donne à voir l’épopée de la vie, de l’exil, de l’espoir et du renouveau. Car ces artistes se retrouvent tous dans une même humilité, propre à tous les exilés, l’humilité des étrangers.